Je constate avec effarement que plus de la moitié de mes aphorismes commencent par le mot «je». C’est à croire que je ne maîtrise l’usage d’aucun autre pronom…
Je constate avec effarement que plus de la moitié de mes aphorismes commencent par le mot «je». C’est à croire que je ne maîtrise l’usage d’aucun autre pronom…
S’il faut être dur pour revenir après être venu, aussi bien ne venir qu’après y avoir retourné, comme ça, on peut revenir et on fait moins dur. Autrement dit, quand un homme est venu, c’est qu’il était dur, et même s’il veut revenir, il faut qu’il redevienne dur encore pour ne pas faire dur alors il essaie d’aller et venir pour que son viendu revienne et ça, il parait que c’est vraiment dur.
by Anne Archet
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J’en arrive à me dire que l’anticonformisme est beaucoup plus une affaire de métabolisme que de caractère. Et il se trouve que j’ai les glandes particulièrement rebelles.
Dernièrement, je me suis mise à moins mentir qu’à l’habitude, mais c’est beaucoup plus par paresse que par honnêteté.
Ce soir, en lisant un conte à Lou, je ne faisais que penser à «l’étroit petit cochon». Je crois qu’il est grand temps que je cesse d’écrire des récits gay…
Me mettre à réfléchir avant de parler — et avant d’écrire, à fortiori — exigerait un tel chavirement de ma personnalité que je préfère encore prendre le risque de passer pour une sotte finie.
Mon âge mental fluctue continuellement de trois à dix-sept ans — selon l’heure, la phase de la lune et le taux de caféine et de sucre dans mon sang.
Tous les gens que je connais qui sont allés en désintox ont fini par trouver Dieu; voilà pour moi la meilleure raison de se tenir loin de la drogue.
Je me sens si vieille, ce matin. On dirait que j’en suis arrivée au moment de ma vie où j’ai tant connu de gens que toutes les nouvelles personnes que je rencontre me font penser à quelqu’un d’autre.
Si la vie, l’univers, l’existence, même, ont un sens — et j’en doute — il réside sûrement dans un calembour exécrable, un mauvais jeu de mots.
Je crois que c’est ma nature éminemment orgueilleuse et ma paresse incurable qui me poussent à écrire autant d’aphorismes; de là proviennent mon fétichisme de la phase investie de pouvoirs quasi surnaturels, mon besoin irraisonné d’avoir le dernier mot en tout et surtout, cette urgence d’en venir immédiatement à une conclusion astucieuse qui me dispense d’élaborer des raisonnements convaincants.
Le monothéisme est la doctrine qui suppose l’existence d’un être miséricordieux, omnipotent, omniscient et omniprésent qui, pour une raison inexpliquée, n’a rien de mieux à faire que de s’intéresser à ma vie sexuelle.
L’érection est fort semblable à la physique quantique: plus on y réfléchit, plus ça devient difficile.
Les seuls livres de ma bibliothèque qui n’amassent jamais la poussière sont ceux qui contiennent des saletés.
Est obscène tout ce qui arrive à faire bander un juge ou un législateur.
Lorsque j’entends les autorités religieuses décrier obsessionnellement les relations sexuelles, je me dis qu’il y a là une leçon importante à tirer: il ne faut jamais avoir de relations sexuelles avec les autorités religieuses.
Pour chaque aphorisme pas trop bête que j’arrive à écrire, il en existe déjà cinq autres géniaux qui disent exactement la même chose. Heureusement, j’arrive parfois à me contredire avec talent.
J’aime bien me parler à moi-même; je suis toujours présente, toujours attentive et je n’interromps jamais.