La conque

On dit souvent que porter un coquillage contre son oreille permet d’entendre le bruit de la mer. Quand je porte le sexe de Marie à mes lèvres et que le goût salin de ses fluides envahit ma bouche, quand elle serre ses cuisses contre mes oreilles, quand elle pose délicatement ses talons sur mes épaules, j’entends le bruit du bonheur. Un bonheur spontané, gratuit, immédiat, rugissant dans son sang comme un éclat de rire dans la tempête.

Chaque fois que ça se produit, je souris, puis je pousse ma langue en elle, tout empressé que je suis de me délecter de ses saveurs intimes et marines. Et lorsque je ne peux m’enfoncer davantage, lorsque je touche finalement le tréfonds de son âme, mes mains glissent, paumes plates et lisses, le long de la douce chair qui s’étend des profondeurs de ses fesses aux vallons de ses genoux. Ensuite, je m’accroche à elle, j’écarte ses cuisses, je soulève ses hanches pour laisser ma bouche migrer lentement vers le sud, vers le soleil obscur de son cul, vers cette plage plissée de dunes aux exhalations épicées et enivrantes.

Parfois Marie laisse danser ses doigts fins dans ma chevelure, empoignant et repoussant mes cheveux suivant les retraits et les insertions de ma langue, agaçant ma nuque de ses ongles de corail. D’autres fois, je me contente des frémissements saccadés de son corps, des ondulations langoureuses de son ventre, de ses hanches qui tanguent comme un radeau à la dérive sur une mer démontée.

Parfois Marie laisse sa parole divaguer dans un torrent de cris et de chuchotements, d’injonctions et de supplications, de litanies et de blasphèmes. Alors, dans une pentecôte luxurieuse et perverse, elle me parle en langues, frappée par l’esprit saint des débauchées, transfigurée par le plaisir bestial des anges et me décrit sa jouissance dans une glossolalie érotique, charnelle. D’autres fois, je me contente de ses soupirs, de ses gémissements, des gargouillis baveux de sa gorge, ou encore de son regard suppliant, baigné de douces larmes en perles de joie sur la houle de sa jouissance.

Je crois que c’est T.S. Eliot qui a écrit que «l’homme ne peut prendre trop de bonheur»… à moins que ce soit «trop de vérité» ? Je ne saurais dire, surtout lorsque Marie laisse perler son bonheur sur ma figure. Je ne suis pas un homme, je prends mon bonheur où je peux – et c’est là ma seule vérité.

On dit souvent que porter un coquillage contre son oreille permet d’entendre le bruit de la mer. Quand je porte le sein de Marie à mon oreille, qu’elle ouvre tout grand ses bras et qu’elle me presse tout près de son cœur, j’entends le bruit du bonheur.

Publié par Anne Archet

Héroïne sans emploi, pétroleuse nymphomane, Pr0nographe lubrique, anarcho-verbicruciste, poétesse de ses fesses, Gîtînoise terroriste (et menteuse, par dessus le marché). Si j'étais vous, je me méfierais, car elle mord jusqu'au sang.

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