Ce que femme bien née répond en de telles circonstances


La femme est assise à la table d’un café, près d’une fenêtre qui donne sur cette rue enneigée où les gens courent frénétiquement vers l’oubli. Une mèche de ses longs cheveux de jais s’est échappée de son chignon et traverse son front comme un éclair obscur. Ses mains sont sagement posées sur sa jupe de tweed qui recouvre pudiquement ses cuisses, et son regard se noie dans sa tasse de thé refroidie.

Alors que le soleil décline, un homme la rejoint et s’assoit près d’elle. Un peu gauche, empêtré dans son costume trop neuf et trop propre, il tient dans ses bras un bouquet de roses rouges et une boîte de chocolats en forme de cœur. Il s’assoit près d’elle, pose un baiser chaste sur sa joue, puis lui demande d’une voix hésitante : « Est-ce que tu m’aimes ?»

« Je t’embrasserai », lui répond la femme sans se tourner vers lui, « et je te laisserai toucher la peau nue de ma nuque jusqu’à la naissance de mes cheveux. Je te laisserai glisser les mains sur mes hanches et sur mes fesses, et même descendre sur mes cuisses puis remonter sous ma jupe et sous ma petite culotte. Tu pourras mordiller mes épaules, dégrafer mon soutien-gorge et sentir du bout des doigts les pointes durcies de mes seins. Si tu es patient, je finirai bien par prendre la chair palpitante de ton membre entre mes lèvres pour que tu puisses répandre ton plaisir en longs jets qui couleront un peu sur mon menton, puisqu’un tel geste semble tant plaire aux individus de ton genre. Si tel est ton désir, tu pourras appuyer ta bouche et ton nez contre la conque noire et odorante de mon sexe, pour en goûter les sucs astringents, jusqu’à ce que je devienne folle de désir. Enfin, si tu réussis à trouver les mots justes, ceux qui font chavirer mon corps, j’écarterai mes cuisses, juste assez pour que tu puisses t’y glisser et t’unir à moi dans une étreinte passionnée. »

« Si ce n’est pas assez », poursuivit-elle en laissant choir sa tête contre l’épaule de l’homme, « je sourirai lorsque tu seras là et je soupirai quand tu seras absent. Je placerai ta photo dans un médaillon porté contre ma poitrine, je t’écrirai des mots doux, des mots tendres et des mots brûlants que je cacherai dans les poches de ta veste, je te laisserai occuper les rêveries de mes jours et les songes de mes nuits, je te tiendrai la main lorsque nous marcherons dans les ruelles sombres de la ville et, lorsque nous serons assis l’un près de l’autre, j’appuierai ma cuisse contre la tienne. »

« Tout cela, je le ferai par intérêt, par gentillesse, par pitié, par plaisir, par désœuvrement ou parce que la nuit est si longue lorsque le sang inonde les coins secrets de mon être. »

« Mais », ajouta-t-elle, « si je t’aime ou si tout ceci pouvait m’amener à t’aimer, je ne peux te le dire. Et même si je le savais, je ne te le dirais pas. »

Publié par Anne Archet

Héroïne sans emploi, pétroleuse nymphomane, Pr0nographe lubrique, anarcho-verbicruciste, poétesse de ses fesses, Gîtînoise terroriste (et menteuse, par dessus le marché). Si j'étais vous, je me méfierais, car elle mord jusqu'au sang.

Laisser un commentaire